On se lève tôt une fois de plus, c'est le seul moyen d'éviter de travailler trop sous la chaleur. On commence à arroser les semis courges etc. Les pieds des arbres ont été dégagés pour créer une couronne à environ 50cm du tronc. La couronne est un mélange de bouse et de paillage, pour nourrir la terre et la garder humide, mais pas tout à fait sur le tronc pour éviter de créer des champignons ou que l'acidité des excréments n'attaque les racines. Autour du tronc, ont été éparpillées des cendres pour éviter que les limaces ou autres nuisibles ne montent à l'arbre. On a pour instruction de ramasser les fruits qui tombent de l'arbre pour les mettre sur le compost, loin, pour éviter de servir de foyer aux insectes et vers qui viendraient ensuite manger les fruits. Ceci combiné à un arrosage intensif est la recette pour une belle récolte. Ma première tâche est d'aider Valeria à bêcher la terre pour y planter bananiers, carottes, tomates, citronnier, gombo, manioc, le tout sur seulement 1m de diamètre, elle m'assure que si tout est planté au même stade de croissance (bulbes, graines, pas de pousses), cela pousse très bien sur une si petite surface, d'où le chiffre trouvé dans un livre qu'il nous ont prêté: il est dit que la permaculture permet dans certains cas de multiplier par 10 le rendement d'une récolte, ça me parait éxagéré mais si tout poussesur une aussi petite parcelle, admettons. La théorie était fantastique, c'est au tour des bras (et du dos) de parler, MON DIEU, que c'est long, que c'est dur ! Je repense à cette idée absurde qui me trainait dans la tête jusqu'à présent qu'il était bien de vivre de ses récoltes, de tout faire chez soi pour être sur de sa provenance et éviter de financer des marchés de merde qui nous empoissonnent, blablabla, alleluiah les supermarchés ! Et je vois cette maman qui doit en plus s'occuper de ses deux enfants faire ça vite et bien, je suis impressionnée. Je sers les dents et je continue, en comptant les mottes de terre. Alex de son côté va avec Luis faire le plein du précieuuuuuux: le caca de vache, car c'est lourd à porter, mais attention pas n'importe lequel, il faut qu'il ait fermenté. Valeria me dit que chez eux c'est comme en Inde, les vaches sont sacrées tant elles sont bénéfiques. 
Au cours des jours, Alex usera de ses connaissances en un peu tout pour faire de la plomberie, de l'informatique, de la menuiserie, il fit notamment une nouvelle porte flambant neuve pour le potager avec un vieux grillage tordu, des bouts de bois cassés et des clous rouillés, un chef-d'oeuvre. De mon côté comme je n'ai pas d'aptitude autre que de comprendre ce qu'on me dit, je continue à retourner la terre. On la sépare par couche, ici 3: la 1e, la superficielle, avec la terre noire sèche et les touffes d'herbe, la 2e, la brune riche, la 3e, plus claire et argileuse, car on ne les remet pas dans le même ordre. La superficielle ira dans le trou réservé au risome de banane, car meuble, elle permettra facilement de créer des racines, puis on mettra la 2e et la 3e mélangées, intercalées par de la bouse de vache, finies par de la cendre et du paillage (voir petit dessin).
Une fois fini, cela ressemble vraiment à de la magie noire, avec les petits bâtons repères ! 
Pour une raison que j'ignore (sans doute pour comparer leur rendement), on décide de suivre 2 types de plantations, les premières, on va les appeler les ronds, dont je vous ai parlées se font dans un cercle d'un mètre de diamètre, et les autres, moins denses, sont réparties en lignes (sur la photo la ligne est en cours et les 3 ronds sont finalisés). 
Le travail est loin d'être terminé, mais ça avance, doucement. Luis et Valeria sont réservés, mais très gentils. On a notre intimité et du temps libre, j'ai pas l'impression que j'avais à la Cachoeira de servir à divertir Milton sur mon temps libre. On prend une routine fatigante mais agréable sous les croassements des grenouilles, loin de la grouillante et bétonnée, São Paulo.