Jour 20:
 Après la journée d'hier peu fructueuse en kilomètres, on décide de partir tôt, on doit prendre des bateaux pour passer la voiture, sinon il faut retourner en Argentine pour remonter! Alors à l'agence ils confirment nos craintes: comme on est en haute saison, tous les bateaux pour l'île de Chiloé sont complets jusque fin février. On devra donc faire l'impasse là-dessus. On trouve des billets raisonnables pour 3 passages au total. La route est une fois de plus dégueulasse, pleine de poussière, qui malgré les portes fermées s'engouffre dans la voiture et longue. Le premier passage se fait relativement rapidement, le deuxième, c'est 1h30 de route pourrie à la queueleuleu sur le tronçon de terre puis 30min d'attente devant le deuxième bac parce qu'un énorme camion qui transporte une machine n'arrive pas à passer et donc bloque la sortie des personnes qui font le passage inverses et l'entrée de notre groupe de voiture. Puis, enfin, on monte dans le bateau pour 4h de croisière. Alors on recharge nos téléphones, on fait pipi en piquant un peu de pq, on joue aux cartes et on admire le paysage. Tout ça nous aura pris toute la journée, il est 9h et on aura même pas passé le troisième bateau. On sent que l'on remonte car plus on va vers le nord, plus le soleil se couche tôt. En Patagonie il n'était pas couché avant 23h, ici à 21h c'est finito. Donc on roule devant de superbes paysages de bord de mer au coucher de soleil. Les marées sont basses ici, on voit beaucoup de bateau a terre, à la marée ils sont à flots sûrement, c'est une superbe carte postale. En roulant on cherche où dormir mais on est interpellé par des lumières, une fête? De la musique? On y va. Et oui ici c'est la fête de la patate! Malheureusement on arrive à la fin de la journée car le concert s'arrête quand on arrive. On commande des trucs à manger pour goûter, rien de transcendant. Pour ma part je vais commander un "terremoto" (tremblement de terre): c'est un vin sucré amer qu'on agrémente de sorbet ananas et de grenadine. C'est bon un verre, après tu chopes direct le diabète. Maïa, ma copine belgo-chilienne, me dit qu'il existe une version amère de cette boisson, moins écoeurante, je la croirai sur parole. Donc, bien contents d'avoir assisté à la fête de la patate, et repus, on s'en va chercher où bivouaquer. On trouve un coin entre des buissons au bord d'une crique où plein de bateaux son à même les cailloux. On croise un pêcheur qui remonte qui nous dit de faire attention où on se met pour la marée. En installant la tente, on ne peut pas s'empêcher de faire un génocide d'escargots, on a mis du temps à comprendre que le "scroutch scroutch" sous nos pieds n'étaient pas de vieux coquillage. J'espère que les escargots ne sont pas revanchards car j'aimerais pas me faire hanter par des escargots fantômes. On s'endort vite, bercés par le clapotis lointain des vagues.