Jour 21: 
Une fois réveillés, au sec, on est heureux d'avoir échappé à la marée. On se retrouve nez à nez avec des vaches, Alex avait envie de vrai lait, je l'envoie traire nos amies lais il se trouve que ce sont des amis. Alors on reste loin. C'est un vrai défilé devant notre tente, on est dimanche et tout le monde va pêcher. Certains mêmes viennent en taxi. Note de campeur: si vous faites un feu sur la plage, assurez vous qu'il n'y ait pas de coquillages dans le tas, ça saute comme des popcorns mais ça fait mal aussi. Alors une fois de plus, nos arnaqueurs de pêcheurs, Alex et Vincent, partent à la pêche, à vrai dire je commence à douter de la sexualité de mon Alex et de sa fidélité, est-il possible de revenir bredouille aussi souvent? N'est-ce pas là un prétexte pour développer une romance à la Brokeback Mountain? Bref je ferme les yeux sur leur idylle et fais semblant d'encore croire qu'ils vont pêcher. Pendant que je remonte la tente (parce que il faut quand même que certains travaillent), un Chilien vient me parler. Je m'applique très fort pour comprendre ce qu'il dit mais pas moyen. Je vois que les intentions ne sont pas mauvaises donc je l'écoute parler tout seul, dans son charabia, je l'entends dire "Puerto Montt c'est bien il y a un bon dentiste" et là-dessus il se touche les dents, il faut dire qu'elles sont très blanches et droites, j'acquiesce, sérieusement. Puis il se met à toucher ses dents pensivement, visiblement content du travail du dentiste. Il continue à parler puis prend congé. Bon. Je continue à remballer. Alex revient, ils ont cassé la canne à pêche, je veux pas savoir comment. Vincent est en détresse car il essaie désespérément de poser une pêche mais il se fait déranger tantôt par le passage de chiens, tantôt par celui des pêcheurs. Alors il se construit une toilette en galets qui aura tôt fait de se faire engloutir sous la marée. Pendant qu'on l'attend, mon ami aux belles dents revient, il parle à Alex qui le regarde avec des yeux ronds d'incompréhension. Je lui dis que nous sommes étrangers alors qu'on ne comprend pas bien, il ne se démonte pas. Une fois encore je comprend une bribe, il dit que si on a besoin d'aide il est là pas loin. Vraiment très gentil. Puis il s'en va mais ne semble pas être géné le moins du monde de ne plus avoir d'interlocuteurs, il continue à parler seul. Avait-il toute sa tête ce gentil Chilien? On reprend la route pour prendre le dernier bateau, et on arrive à Puerto Varas. La ville est sympa, on visite, on jette un oeil à la grande journée du café. La zone a été colonisée par les allemands et ça se voit, les maisons sont style de bavière et il y a du Kuchen et du Strudel en vente dans tous les cafés. On mange un morceau et pas convaincus, on avance sur la route à Frutillar (fraisier?), où j'ai vu qu'il y avait un festival annuel de musique. On y arrive, c'est superbe, super mignon et bondé. En passant on voit un rodéo sur notre route, on se dit qu'on y jettera un oeil. On a du mal à trouver de la place tant il y a de monde, pourtant il ne fait pas si beau que ça. Le sable est noir, donc de la chaleur en émane, ça doit donner assez chaud aux gens qui sont sur la plage car ils sont en maillots, moi je trouve que ça ressemble à un été à la belge. Bref on trouve une laverie au poids, on s'y rue car après 3 semaines en voiture/camping, on pue le fennec et nos vêtements, mis et remis, de même. Au total, on a 14kgs de lessive et on doit attendre jusqu'au lendemain 16h pour venir les récupérer. Alors on s'occupe. Au bureau d'informations ils nous disent d'aller voir une petite île à la hauteur de la laverie. Quand on voit "l'île", on rigole, 10m2 collés au bord. On se balade, on profite de l'air chaud qui nous a fait défaut ces dernières semaines. On décide de retourner au rodéo, voir ce que ça vaut. On se gare, autour il y a plein de jolis chevaux quoique petits, et des vaches. Tous les hommes sont habillés comme des cowboys, jeans, santiags ou chaussures noires en cuir, sauf que le chapeau est droit et pas relevé comme les cowboy américains, et qu'ils portent un poncho par-dessus leur chemise. Chaque association a ses couleurs de poncho. On voit qu'une fois de plus, on arrive après le vif de l'action. Malgré tout, le spectacle continue alors on s'installe et on regarde. C'est une arène, avec une zone  plus petite où commencent le duo de cavaliers. Soudain, on leur lâche une vache, frêle, ils font deux allers-retours dans cette zone restreinte, histoire de se positionner par rapport à la vache et puis la porte s'ouvre et ils vont dans l'arène. Ils encerclent la vache, le cheval galopant de côté pour que la vache soit coincée puis les cavaliers projettent la vache contre le bord de l'arène dans un bruit sourd, puis la vache repart de l'autre côte, et encore bangs, et re bangs. Là, la vache sonnée se relève et est enjointe à quitter les lieux. Si elle ne se lève pas, un petit coup de tazer l'encourage. Alors ce qui est difficile à comprendre c'est à quoi sont notés les cavaliers, des fois c'est zéro point et la vache s'est écrasée sur la paroi, et des fois 15 points alors qu'à première vue, rien n'est différent. Le spectacle n'est pas grandiose, ni élégant, mais la foule applaudit comme au tennis, avec des silences entre chaque action. Je suis pas genre SPA mais je trouve le spectacle un peu lamentable. La vache mince et fébrile se fait cogner dans les bords de l'arène comme un sac à patates par un autre animal herbivore qui a les yeux vides d'expression, conduit par des vieux acharnés, approuvés par d'autres vieux qui se tiennent la ceinture, les yeux plissés, non vraiment ce spectacle n'est pas très 21e siècle. Mais je n'ai pas jeté du sang sur les cavaliers et je ne me suis pas jetée devant la vache en criant "assassins!", je ne suis qu'une invitée au spectacle après tout. On reste pas longtemps, je pense qu'on est tous un peu déçus. On trouvera un endroit un peu hors de la ville pour dormir, sur le lac, seul hic, c'est plein de déchets, sinon ce serait l'endroit rêvé. Je trouve des mûres, plein de mûres pour faire dessert et petit-déjeuner. La cuisson de nos épis de maïs, énormes, est moins fructueuse, après qu'ils sont tous tombés dans les cendres car nos brochettes de fortunes ne les tiennent pas, on les goûte, ils sont passés. Tant pis, repas de... pâtes ce soir! Et dodo. Aujourd'hui Vincent a sorti la tente, mais quelle erreur, pendant la nuit, une averse nous réveille par le bruit des gouttes sur la tente, lui c'est parce qu'elles entrent dans la tente qu'elles le réveillent! Il détale donc se mettre à l'abri dans la voiture pour finir la nuit.