Quand on sort de la navette, dans laquelle on a pu voir une pub pour la Trump tower (au début ça ressemble à une blague puis on se rappelle que non non il est président aussi), on est frappés par le bruit et la chaleur. Pourtant, on est pas loin de Montevideo mais c'est beaucoup beaucoup plus grand et on le sent comme une claque dans la figure, les gens sont plus stressés et moins sympas, ça doit jouer du fait qu'il y a beaucoup plus de touristes ici. Bref on cherche un moyen d'arriver à notre Airbnb, on trouve tant bien que mal le bus et quand on monte pour payer le chauffeur lève les yeux au ciel parce qu'on a pas la carte de transport (comment aurait-on pu savoir?) mais nous laisse passer. On marche énormément, tant qu'on se résout à prendre un taxi pour ce qu'il nous reste. Quand on arrive sur place le mec ne répond pas, pourtant il avait confirmé. On s'achète une puce argentine, on l'appelle, pas de réponse. On se rend compte que l'adresse n'est pas la bonne, on marche à nouveau, rebelote, aucune réponse. On va se poser dans un bar où on réserve un autre Airbnb mais par prudence, on y reste tant qu'on a pas de réponse, il faut attendre 1h sans réponse pour pouvoir annuler sans frais. Ce qui se passe, une fois de plus. Enfin, on réserve un hostel en last minute qui est bon marché mais pas libre les autres nuits vers lequel on se dirige en Uber. On m'a beaucoup parlé du centre culturel Konex où il y a toujours des soirées avec des groupes de percussions le lundi soir, ce soir c'est la spéciale fin d'année mais avec les frais inattendus qu'on a eu dans la journée et le fait qu'on soit complètement crevés, on fait l'impasse, tant pis. Le lendemain, après un petit dej sur le toit de l'hostel, on repart pour un autre hostel non loin de là pour 3 jours. Au total, le logement nous coutera 4x plus cher que prévu sans compter les frais de transport et la première journée gâchée. On va s'acheter nos tickets pour La Rioja et à notre retour, on rencontre Clothilde et Paul, des français, encore, qui sont en lune de miel. Le jour de leur arrivée, ils se font distraire en terrasse par deux personnes qui leur demandent le chemin et leur collent le plan sous les yeux, une seconde plus tard, plus de sac. Dedans ils avaient passeports, appareil photo de compétition, 2 000€ de pesos en cash, clefs de leur appartement à Paris... Là-dessus ils décident de rentrer chez eux. Ils ont rendez-vous au consulat pour faire un laissez-passer. En revenant ils nous diront qu'à Buenos Aires, on compte 5 vols de passeport français par jour! Je m'agrippe d'autant plus à mon sac, ça aurait pu être nous. Dans leur envie de faire de la place pour les bouteilles de vin qu'ils comptent ramener, ils nous filent une pochette plate et discrète qui se met sous le t-shirt pour mettre passeport et carte de crédit et une polaire efficace, sympas les mariés! On voulait aller voir le quartier connu de la Boca dans l'après-midi, quartier pauvre où les habitants décorèrent leur maisons faites de taule en les peignant de toutes les couleurs. Un ami à moi s'était fait racketter en allant là-bas et en s'éloignant des rues touristiques, donc On décide de partir avec rien de plus qu'une bouteille d'eau, un plan et notre carte de transport. Après une longue marche où on voit de jolies maisons, un beau marché où on parle plus français qu'autre chose, on y arrive. On passe un boulevard et d'un coup on sent qu'on est "de l'autre côté" et on est ravis d'avoir les poches vides. Dans ce quartier il y a aussi le stade des boca juniors, équipe de foot qui attire son lot de touristes argentins et footbalophiles. Ce quartier est... un décor de western, il se résume à trois maisons, est ultra touristique, boissons hors de prix dans ce quartier pauvre, cartes postales à gogo, un couple de danseurs de tango qui s'ennuient ostensiblement et des gens qui se prennent en photo devant les maisons avec des objectifs d'au moins 1000 €... Autant vous le dire, on est très déçus, l'endroit a du être un petit bijou pour celui qui a pris les photos qui ont fait connaître ces rues il y a des années, mais aujourd'hui on a plus l'impression d'être dans un décor en carton pâte, moins authentique tu meurs! C'est là-dessus qu'on rentre et qu'on décide de partager la fin de notre cachaça avec nos voisins en guise d'apéro pour leur dernière nuit ici. Le lendemain on va voir le Congrès, où il y a une manifestation en préparation, le CTEP, parti travailliste qui est pas content. Alex repère des casseurs alors zioup zioup on s'en va vite, je m'assure d'être en visu d'un flic quand je fais des photos et on est partis. On s'achète le matériel de camping dont va avoir besoin en payant un max de commissions à la banque car on ne peut retirer que 120€ à la fois avec 6€ par retrait + taux de change. On a explosé notre budget hebdomadaire (ne vous inquiétez pas ce n'est pas un appel au secours déguisé, on a tout ce qu'il faut ça veut juste dire qu'on devra se rattraper plus tard) et donc on fait l'impasse sur le Malba, musée d'art contemporain semble-t-il, qu'on a visité indirectement en se baladant dans la boutique souvenir, on a fait l'impasse sur un super resto, sur un spectacle de tango, sur un jardin japonais et sur des trajets de bus. On a pu voir en revanche le célèbre building qui représente Eva Peron (ancienne première dame/ actrice/ activiste sociale et féministe chère aux Argentins), le port, endroit branché où sortir, on s'est contentés de passer en bus devant la Floralis Generalis (fleur en acier inoxydable de 23 tonnes qui s'ouvre le matin et se ferme le soir, oeuvre d'un architecte lambda argentin) et on a visité le centre culturel Kirchner (ancienne famille présidentielle) récemment inauguré, où se mêlent de nombreuses expositions dont celle de musique visuelle: on entre dans une pièce avec des bruits bizarres et les gens sont allongés sur le sol, les photos doivent venir de votre esprit quand vous entendez les bruits étranges, au premier abord, on dirait une secte d'ailleurs, au deuxième ça semble un peu trop conceptuel. De façon générale, pour Buenos Aires comme pour Montevideo, on perçoit comment ces villes peuvent plaire à ceux qui y habitent ou y séjournent pour quelques mois, ou ont simplement un meilleur budget. Pour nous, c'était un moment agréable sans plus. Sans diminuer leur intérêt et importance en tant que capitales, ces endroits nous touchent peu et ne signifient pas grand chose pour nous. Tous ces endroits à visiter semblent avoir été créés artificiellement pour offrir quelque chose aux touristes mais les témoins de leur histoire ne sont que récents et pas franchement folichons (woah le congrès! Woah le palais de justice...?!). Pour des nations qui sont indépendantes depuis longtemps, on les trouve encore trop empreintes de coutumes européennes et américaines, rien de neuf pour nous, touristes du vieux monde. On aurait aimé voir davantage sur les peuples, constructions indigènes, haha s'il en était resté quelque chose, au moins des dessins, mais rien. On se rend compte que ces villes ne nous intéressent pas vraiment, on a hâte d'aller au Pérou pour voir enfin des bâtiments qui valent la peine. Pour le reste, on voit de nombreuses beautés naturelles en préparant notre voyage qu'on a hâte de découvrir en vrai, dans tout le reste de l'Argentine pour commencer. C'est donc sans regret qu'on quitte la mouvance de Buenos Aires qui aura su en séduire plus d'un... mais pas nous.