Après une nuit plus qu'inconfortable dans le bus, on arrive avec 2h de retard à la capitale de la province de La Rioja, La Rioja. Si c'est la capitale, on a peur de voir le reste, c'est plutôt très vide, sableux, et tous les bâtiments sont très espacés, preuve qu'il y a plus de place que de gens dans la région. On trouve tant bien que mal un bus pour aller à notre premier stop: le Parc national de Talampaya. Le bus n'arrive qu'une heure et demie après, on patiente, car ce voyage nous a largement appris à relativiser les temps d'attente et on monte dans le "colectivo" bus commun qui fait la navette entre les villes. Pour 3€, on part pour... 3h, tout avait l'air si près sur la carte. Et là s'étendent devant nous des kilomètres de petits arbustes secs, à perte de vue, sans aucune maison à l'horizon, je m'inquiète un peu, si le bus nous lâche là, on est morts. L'impression de grandeur est totale, et nous, petits insectes on essaie de surtout pas rater notre arrêt. On nous dépose au parc, au milieu de rien, réellement rien. Au loin, on voit une maisonnette, c'est le complexe touristique. On rit tellement on se sent isolés en essayant d'écarter les possibilités de rencontrer des suppôts de satan prêts à nous sacrifier en toute impunité dans l'immensité de l'endroit. On arrive enfin et on cherche quelqu'un, personne. Enfin, 4 personnes autour d'une table jettent un oeil vers nous et se lèvent, doucement. On est arrivés à 16:40 et les visites sont déjà finies pour aujourd'hui. On prévoit donc de la faire dès demain matin et on installe notre tente tranquillement, au milieu de rien. Tout en faisant, on voit un "mara", mi-lapin, mi-kangourou, eux l'appellent le "lièvre créole", des "guanascos", je m'écrie "ho des antilopes!" Alex rit, c'est plutôt de la famille des lamas, bon. C'est des herbivores à tête noire, bien poilus qui sautent comme des biches. On voit aussi des "couis", des petits rongeurs blancs tout rondelets. Une fois notre tente installée, on est seuls avec un employé sur le complexe dans le silence le plus total. La sérénité-même. Les nuages arrivent, juste assez pour nous rendre la fin de journée supportable et on en profite pour faire une feu et avant de dormir. Je suis persuadée d'avoir entendu un animal roder autour de la tente pendant la nuit mais Alex dit que c'est le vent... On a mal dormi. Les sacs dans la mini tente, c'est pas l'idéal. On se lève tôt avant l'ouverture du parc et on remballe, les sanitaires sont propres, c'est agréable. Rien ne part avant 10h, on prend le tour le moins cher car c'est pas donné et on part avec un seul autre couple, 4 personnes pour un guide, c'est le luxe! On prend le minibus car les distances à couvrir sont énormes, le parc s'étend sur 200 000ha dont seulement 5% sont ouvertes au public, faites le calcul! Au premier arrêt on nous montre des peintures rupestres dont Alex a vite fait de mettre en doute l'authenticité. Le site serait antérieur à la cordillère des Andes, 320millions d'années contre 100millions d'années, un excellent témoin de l'ère du trias. On découvrira ensuite la suite du site, que vous aurez plus vite fait de découvrir en photos et on goûtera ensuite un vin local, qui se défend très bien. Le site est tellement particulier qu'il a accueilli de nombreuses campagnes de pubs. Au bout de 2h30, la balade est finie, le guide était super et la compagnie très agréable. Touristes et contents de l'être, on veut aller à la prochaine étape à 200 km de là (ici la notion de "près" a une toute autre dimension), mais on nous annonce que le seul bus de la journée ne passe que 3h plus tard. Optimistes, on décide de tenter notre chance en autostop. On restera 3h sous le soleil impitoyable de ce qui ressemble au Colorado à tendre le pouce, observer les fourmis, jouer aux cartes en tendant l'oreille sur le bitume. Au total, 6 voitures passèrent seulement, en nous ignorant tout bonnement. Enfin, on voit le bus qui arrive dans lequel on s'empresse de monter, penauds. On passe plusieurs villes dans l'espoir de se rapprocher au mieux de Vinchina, la dernière ville avant notre prochaine balade à la Laguna Brava. Dans l'avant-dernière, le prix de l'excursion est trop élevé et il ne fait pas encore nuit donc on se décide pour Vinchina. Et quelle erreur! La ville est morte, les hôtels fermés, et la police, sans surprise nous dit qu'il y a un camping, qu'il faut demander à Ramiro qui habite au coin de la rue là-bas, tu parles d'une indication. On redemande à une mère de famille qui appelle sa fille qui a le numéro de Ramiro. On appelle Ramiro qui ne répondra jamais et on se dirige vers la sortie de la ville où se trouverait le camping, désespérés. Pas de camping, pas de Ramiro, pas d'hotel et le soleil se couche doucement. On décide de sortir du chemin avant de se faire repérer par tout le village et de se cacher dans les buissons. On marche un temps en mode commando pour éviter que qui que ce soit ne nous voie et on s'accroupit, on décide de ne pas faire de feu pour que personne ne puisse repérer où sont les "gringos" perdus. Quand la nuit est tombée et qu'on entend plus de véhicule passer au loin, seulement, on sort la tente. On dormira mal tous les deux cette nuit-là, pas tranquilles. Alex a rêvé qu'un exhibitionniste venait se toucher la nouille dans le supermarché où il travaillait avec des copains et que chassé, il avait décidé de se venger, mais heureusement, Alex accompagné de sa famille lui avait botté les fesses, à lui et ses amis en moto. Moi j'ai rêvé que j'étais obligée de bosser pour Paula (la sorcière du dernier Workaway) et que je m'étais fait une copine qui me prêtait ses vêtements et que comme je trainais trop à exécuter mes tâches parce que je changeais tout le temps de vêtements, Paula m'a donné une fessée. Bon, au lever du soleil, indemnes et avec toutes nos affaires, on remballe. On part tôt vers Vinchina dans l'espoir de trouver une excursion pour Laguna Brava et au bureau municipal du tourisme elle nous dit simplement que si aucune excursion ne part de la ville d'avant, elle ne peut rien faire pour nous, on sera venus pour rien. Elle appelle ses collègues de la coopérative de tourisme pour savoir si quelque chose est organisé pour le jour-même... (À suivre)