L'excursion passée, Alex et moi nous réjouissons d'avoir enfin un peu de libre arbitre à nouveau, mais pas longtemps, Alex a un mal de crâne qui ne s'en ira pas de la journée. N'étant pas convaincus par l'intérêt de la ville d'Uyuni (outre son salar), on décide de partir le soir-même. Étant lassés de passer de ville en ville, de lieu en lieu, "parce que c'est à ne pas manquer", on décide de ralentir nettement la cadence de visite et de manquer des trucs malgré tout, soucieux de ne pas perdre toute envie de découvrir de nouvelles choses. On ira donc pas voir Potosí, ville historique qui fut jadis l'une des plus riches d'Amérique du Sud, mais on s'arrêtera à Sucre, autre ville historique, d'où aurait commencé la lutte pour l'indépendance avec Simon Bolivar. On arrive à Sucre à 4h du mat, autant vous dire que la ville semble morte et donne peu envie d'en voir plus. On attendra 3h au terminal de bus que le soleil se lève, "bercés" par les cris des marchands ambulants "manzanillaaaaa (camomille), matecitooo matecitoooo (tisane)!", le tout avec une voix de chipmunk. Ici en Bolivie, il est très commun d'héler les prospects pour des bus, ou de la nourriture. Ainsi dans le terminal on entend partout "Oruro, Orurooooo", coupé par le voisin "Cochabamba, Cochabambaaaaa"(villes de Bolivie). Les marchands ambulants sont habillés en civil et ne semblent même plus se rendre compte de ce qu'ils font, tant c'est un automatisme. Ils ont le regard perdus au loin, vous croisent comme n'importe qui puis d'un coup se mettent à hurler comme des déments, vous prenant par surprise "Potosí, Potosííí!". On retrouve ensuite notre hostel, incroyablement peu cher, où on nous conseille d'aller au marché central pour petit-déjeuner. Le marché est hyper animé, plein de gens viennent petit-déjeuner des côtelettes de porc, bon. Une fois encore on nous hèle, ce qui a le don de m'agacer et m'enlève l'envie de m'arrêter, elles gueulent tellement fort que tu ne t'entends plus penser. On finit par s'assoir, on partage une table avec un vieil homme au regard perdu. La dame ne prend pas notre commande et nous sert d'autorité un café, là aussi ça m'énerve, je la renvoie 3 fois jusqu'à ce qu'elle nous amène plus ou moins ce qu'on a demandé. On a faim donc on essaie de commencer quelque chose mais je ne connais aucun nom. Sur une affiche, on voit une sorte de beignet "api" il est noté, donc j'en commande un. Il se trouve qu'api, c'était le jus bordeaux en arrière-plan sur l'image. Tant pis, on goûte, c'est chaud, un peu acide, dense et sucré, comme un jus d'hibiscus épais, pas mauvais. Malgré les soucis pour arriver à manger ce que l'on veut on y retourne à midi. C'est extrêmement bon marché, et équilibré, (légumes, féculents en quantité normale), ça nous change de ce qu'on avait eu jusque là, une assiette complète et bien servie à 2,5€! Comme c'est la Saint-Valentin, il y a une bonne ambiance dans la ville, plein d'étudiants qui se tiennent par la main avec des roses et des nounours. Nous on décide de se mélanger à l'atmosphère et on s'en va déguster une glace au parc au milieu duquel il y a d'ailleurs une réplique miniature de la tour Eiffel. Oui, Sucre est une petite ville agréable. Joyeuse Saint-Valentin!
Le lendemain, on prend le bus de nuit donc on a encore la journée à flâner dans la ville. On essaie plusieurs marchands ambulants, intrigués par ce qu'ils mangent, des brochettes, des petites assiettes avec pommes de terre, ou empanadas. Curieusement, en goutant les beignets au fromage, on remarque qu'ils ne sont pas comme d'habitude, le fromage a du goût! On se rend bien compte qu'il s'agit sûrement d'un fromage passé plutôt qu'un réel bon fromage, mais peu importe, ça fait illusion, on en recommande, du fromage qui a du goût, rendez-vous compte! On arrive même à trouver un morceau de tiramisu pas dégueulasse, non vraiment c'est inespéré! La bouffe bolivienne est meilleure que ce qu'on a mangé jusqu'ici. Waw!