On a le coeur joyeux, toujours ébahis de notre expérience d'hier. On tend les pouces, avec un énorme sourire. Les minutes passent, les demi-heures, puis 3h. On est désespérés. On pose le pouce et on se met à manger un petit bout. À ce moment, on voit 4 filles descendre d'un camion, 4! Elles vont aux toilettes puis elles viennent se placer derrière nous, comme il est d'usage entre autostoppeurs, les derniers arrivés se mettent derrière. Puis elles changent de place, les pétasses! Elle vont se mettre au début de l'aire d'autoroute. À ce moment, on voit aussi un autostoppeur seul, qui vient dans notre direction "je peux me joindre à vous?" - "ça fait 3h qu'on est là et je crois qu'à trois ce sera pire je dis au Chilien". Mais il s'installe avec nous et montre son carton "vers le nord svp". On avait besoin d'un peu d'enthousiasme, je lui dis que c'est horrible et il me dit qu'il faut y croire. Trente minutes plus tard, un djeuns à casquette s'arrête et nous fait tous monter mais notre bonheur sera de courte durée, il ne nous prend que pour une heure de route. Tant pis c'est déjà ça, on profite et on s'encourage. Il nous laisse près de Totoralillo et on commence à tendre le pouce. Une demi-heure:" mouais ça va pas ici". Alors on se déplace, il dit qu'il faut y croire puis 2h plus tard, on sent qu'il désespère un peu aussi. À chaque voiture qui passe, j'entends la voix de Maïa :"tu verras c'est super simple, surtout les camionneurs". Les camionneurs nous ignorent ou font des gestes obscènes mais c'est tout. On jette des flechettes sur le visage de Maïa mentalement et on se dit que tous les Chiliens sont des connards. Avec Alex, on en a plein le cul et on se dit que si on arrive à La Serena, à 3h de là, ce serait déjà bien, et que de là, on prendra un bus. Enfin, au bout d'encore une heure, une femme chargée à bloc s'arrête. On rentrera jamais à 3. Notre Chilien nous dit de monter à deux, mais on a pas le coeur de l'abandonner dans cet enfer alors on fait Tetris, la dame, super gentille s'y met aussi, abandonne une caisse pour nous faire de la place. Le Chilien se met devant, et heureusement, notre gentille hôte raconte ses chagrins d'amour, son divorce et chante ses chansons à tue-tête. Elle roule come une folle avec des à coups, fait un détour pour nous montrer une plage en vogue (un enfer surpeuplé, on ne voit pas le sable) puis on arrive à La Serena, sains et saufs. Notre ami Chilien a son père qui l'attend, on se sépare et Alex et moi achetons notre ticket pour San Pedro d'Atacama, dans le nord du Chili. C'est un bus de nuit donc on doit attendre toute la soirée, jusque 1:30, heure à laquelle un bus Turbus (la compagnie réservée) arrive, avec comme destination "San Pedro d'Atacama". Ça y est, c'est le notre! On monte dedans, personne ne vérifie nos tickets, je vois une fille assise à ma place, elle m'assure qu'elle ne s'est pas trompée et me montre son ticket, oui pas de doute c'est le même. Le bus sort de la station et en route pour le nord! Là monte l'employé de bus qui vérifie les tickets je lui dis qu'il y a un souci, il me dit qu'on s'est trompés et descend sans plus d'explication, il se dirige vers la soute et m'arrache mon ticket bagage des mains pour chercher notre bagage. Je me rends compte qu'il est littéralement en train de nous jeter dehors, je lui dis qu'il ne peut pas nous laisser en plein milieu de la nuit si loin du terminal, qu'on attrapera jamais le bon bus! Parce que oui, ce bus avait 30min de retard et est arrivé à l'heure du nôtre. Lui ne me regarde même pas et continue de fouiller en teignant qu'on le met en retard. Je commence à m'énerver, je lui demande son nom, je lui dis qu'on va rater notre bus à cause de sa négligence à vérifier les tickets, qu'il n'avait qu'à faire son boulot correctement ce ne serait pas arrivé. Je serais bien restée là à m'énerver sur cet incapable antipathique plus longtemps mais on avait notre vrai bus à attraper. Donc on court, en sens inverse, vers le terminal en priant que notre bus ne soit pas arrivé. En fait, lui n'a pas 30min mais 1h de retard donc on ne risquait pas grand chose. Si j'avais su, je lui aurait pourri la vie jusqu'au bout à l'employé de bus. À 2:30, on monte enfin dans le bus. Et on s'endort, contents que cette journée de merde soit finie. Au petit matin, une brume s'étend sur toute la route. Il y a des gros cailloux écartés régulièrement sur le désert qui nous entoure, avec le brouillard, on dirait vraiment qu'on est sur la lune! Pendant 10h encore, on regarde le paysage désertique, contents d'avoir abandonné l'autostop. À 20h, enfin, on arrive à San Pedro de Atacama, connue pour son énorme désert.