On rejoint Gustavo en Uber (il n'y a pas de restrictions ici et tout le monde se déplacent comme ça) pour son anniversaire. Dans un autre bar de lesbiennes (encore!) où joue un super groupe de samba. Je m'aperçois avec soulagement que non, tout le monde ne sait pas danser la samba ici et que donc on passe inaperçus. On rencontre des amis de Gustavo dont un prof de philo, Rafael, qui nous raconte qu'un des fléaux de son pays pour lui ce sont les chrétiens évangéliques, qui ont une place dans la politique et sont très présents dans le quotidien des Brésiliens. Outre le détail amusant de São Paulo qui accueille à la fois la Gay Parade et la parade des évangéliques, cette ville souffre aussi d'un sectarisme religieux qui paralysé la liberté d'expression et menace la profession de Rafael. Rafael dit qu'il a beaucoup de problèmes avec certains élèves pour des sujets à débattre comme "On ne naît pas femme on le devient" de Simone de Beauvoir, qu'au lieu d'obtenir une dissertation sur la liberté de la femme, il a droit à des discours sur "C'est n'importe quoi, la femme naît femme car Dieu l'a créée ainsi..." Mais si ce n'était que ça, le nouveau gouvernement post coup d'état veut rendre les cours de philo optionnels alors que Lula (ancien president), s'était battu pour les rendre obligatoire et limiter les carences de l'éducation au Brésil. En somme ce que nous explique Ricardo fait écho avec tous les tags qu'on a vu "fora temer" ("dehors Temer", le nouveau président post coup d'état) et toutes les plaintes qu'on a entendues, une chose est sûre: les choses vont aller plus mal à présent, surtout pour la plupart des pauvres. Si en France on considère que l'écart entre les riches et les pauvres est de l'ordre du multiple de 7 à 8 (les plus riches gagnant 7 à 8 fois ce que les pauvres gagnent), ce multiple s'élève à 30 au Brésil. De plus, étant dans le sud à côtoyer des blancs on ne perçoit qu'une infime partie de la réalité car la pauvreté grandit à mesure que la peau s'assombrit et qu'on va vers les régions du nord. Bref, cette soirée était éducative, on finit tard et le lendemain on doit partir avant que toute la famille de Gustavo ne débarque pour son anniversaire. On attend dans un café que notre couchsurfing suivant nous donne le feu vert pour venir. Alex est dans le pâté à cause de la cachaça et moi je ne dirais pas non à une sieste. On se rend enfin chez lui, il habite près de chez l'autre, tout près de l'Av. Paulista. Il est Argentin donc la communication se fait une fois de plus en Espagnol. On est crevés mais le tour qu'il nous fait faire de la ville est génial. On est dimanche, jour sans voiture de l'Av. Paulista (heureusement que mon père n'est pas là pour voir ça il aurait une crise! Mais papa, c'est bien fait ici), plein d'activités, artistes de rues, ateliers pour les gosses, sportifs, une fille qui passe sur une slackline (sorte de funambulisme) au-dessus d'une route sans voiture, d'autres qui descendent en rappel d'un pont, bref, Bruxelles devrait s'en inspirer avec son piétonnier pourri plein de clochards, de gratteurs et de béton. On va ensuite goûter la meilleure Coixinha de São Paulo, qui est... une friture! Oui c'est bon mais ça reste une friture et c'est ainsi que nous décrétons que la bouffe brésilienne (j'ai dit bouffe et pas gastronomie) ne perd rien à rester dans l'oubli. Amen. Désolée c'est un peu méchant quand même. On fait ensuite un tour du parc de Ibirapuera (voir photos) qui nous donne l'impression qu'il y a un festival ou quelque chose tant il y a de l'animation mais non, rien de spécial, le parc est toujours rempli comme ça, avec une réelle autoroute oú les jeunes font du skate, du BMX, de la musique, zioum zioum ! hmm j'aurais aimé être ici quand j'avais 16 ans, mais là ça fait trop de bruit. On finit ensuite par un détour dans les beaux quartiers pour voir un hôtel, "l'Unique" dont l'architecte un peu foufou eut l'idée de le construire en forme de bateau. La piscine est rouge, ça fait bain de sang, bon à savoir pour ne pas faire chez soi. On rentre chez notre hôte qui n'a pas un appartement très propre il faut dire. On se couche, vanés et on dort comme des bébés malgré les ressorts du canapé-lit qui nous perforent le dos. Lundi: Alex va au consulat... Il a eu de la chance d'avoir rdv avec cet homme car il rencontré l'idiote qu'il a eu au téléphone qui dit à son collègue "ah tu lui refais un passeport? T'es gentil hin moi j'aurais fait qu'un laisser-passer", connasse j'espère que tu tomberas sur une débile carrée comme toi quand tu seras dans la merde. On a également trouvé un Workaway à 3h d'ici qui demande de l'aide avec du jardinage basé sur la permaculture, on est donc soulagé et on se prend une chambre dans une auberge de jeunesse pour s'offrir un vrai repos avant de s'y rendre. Mardi: Départ pour Porangaba, on fait des courses de bouffe et bye bye la ville, bonjour la cambrousse!