Ma cousine Mathilde arrive à Lima le 26 février et nous avons rendez-vous avec elle à Cuzco le lendemain. On s'y rend un jour avant dans l'espoir de tomber dans les célébrations de Carnaval. On a été servis, mais pas comme on pensait. On s'attendait à des sortes de parades, des gens déguisés et des danses, mais en se rendant vers le centre, on a découvert leur façon de fêter Carnaval: les gens se balancent des ballons d'eau, des pistolets d'eau, de la mousse en spray. On pensait y échapper comme on est des touristes mais entre les voitures piégées, les attroupement d'enfants dans la rue et les snipers logés sur leur balcon, on a fini mouillés mais amusés. Le lendemain, on s'en va retrouver Mathilde qui s'étonne de choses et d'autres, alors on renchérit, on raconte ce qui nous a surpris, choqué, émerveillé ou dégoûté. On trouve finalement notre hostel situé dans un ensemble d'habitations rassemblées autour d'une cour et d'un long couloir boueux. Il est correct, on a internet et une chambre pour nous, tout va bien. La cuisine est très basique et la salle de bain, inondable, avec une eau chaude, générée par un chauffe-eau électrique, qui vous donnera un coup de jus si vous essayez d'y toucher ou fera sauter les plombs si vous avez l'outrecuidance de vouloir plus qu'un filet d'eau pour vous laver les cheveux. Enfin, arrive le jour de notre départ pour le Machu Picchu, levés à 7h, on prend un bus qui doit arriver à 13h. La route est longue au début, puis peu à peu, le paysage change, les nuages créent une atmosphère magique, on est scotchés à la fenêtre. Entre l'altitude et les virages, Mathilde et moi commençons à avoir la tête qui tourne. Quelques pilules pour l'altitude plus tard, ça va mieux, heureusement car le goudron finit, il nous reste 3h sur des chemins de terre sinueux. Alex et moi sommes du côté gauche du bus, Mathilde de l'autre. Heureusement, on ose à peine imaginer ce qu'elle dirait si elle voyait les roues du bus passer si près du vide. Vraiment, le paysage est magnifique, mais la route est peu rassurante. Enfin, on arrive au point où nous lâche le bus. De la, on prendra le train, qui porte le nom de celui qui a découvert le Machu Picchu, Hiram Birgham. La pluie commence à tomber quand on monte dans le train, nous confortant dans le bien-fondé de notre choix. Le train est réservé aux travailleurs bénéficiant d'un tarif avantageux ou aux plus aisés, le prix n'est pas donné. Le train possède des fenêtres sur le toits, nous permettant de pouvoir observer la végétation qui nous entoure. Ce havre de technologie et de confort au milieu de la forêt me donne vraiment l'impression d'être dans Jurassic Parc, avant que tout ne s'effondre. Le chemin est superbe. Aller au Machu Picchu, ça ressemble plus à un pèlerinage ou une épopée qu'une simple balade, bien qu'on ait choisi la voie des fainéants, certains mettent 3 jours à arriver là où nous avons pris le train en marchant, et ne sont toujours pas au bout de leur peine, car il y a encore 3 heures pour arriver au pied du Machu Picchu, puis 1h30 encore jusqu'au site lui-même. Nous arrivons enfin à Aguas Calientes avec le train, village au pied de la montagne où nous avons réservé un hostal. L'hostal est on ne peut plus étrange que toutes les portes des chambres sont ouvertes mais il n'y a personne. Les personnes qui s'occupent de cet hostal sont dans un autre hostel... Bon! sans se poser beaucoup plus de questions, on s'effondrera sur notre lit. Demain Mathilde prendra le bus pour arriver au sommet, mais nous avons prévu de marcher, donc le réveil est prévu à 5h00. Pour un village abandonné au milieu des montagnes, il est très bruyant, quand je me réveille, le soleil est déjà levé, zut! On a loupé le réveil, bon, on partira à 6h alors, tant pis. On donne rendez-vous à Mathilde et on prend la route... Mon dieu, c'est raide cette pente, ça a intérêt à valoir la peine ce t'as de pierres! Au fur et à mesure que l'on monte, la brume nous suit et nous offre un paysage sublime. Réellement, on a l'impression d'être dans un monde magique, de montagnes enchantées. Finalement, en sueur et sans t-shirt pour Alex, on arrive en haut. Ma cousine n'est pas encore là. On attend sur le banc d'arrivée du bus des bobonnes. Et là, une télé, avec Sex and the City qui passe. Oui, vraiment, on est bien en 2017. Mathilde arrive pour me sortir de ma rêverie. Allez, on y va! Alex, traumatisé par les pauvres prestations des guides du Salar d'Uyuni, ne voulait pas prendre de guide, et Mathilde, en bonne routarde qu'elle est, à acheté un livre guide qui nous donne le détail du site, on part donc à trois. A peine est-on entrés que déjà on voit des lamas. Certes le site est époustouflant, mais comme ya des lamas on reste devant les lamas hébétés. On suit le guide bouquin en essayant de se demander à quoi servent les choses qu'on voit avant de lire, pour comparer notre logique à celle des archéologues. En peu de temps, Alex devient partisan de la théorie du complot, Mathilde écoute, critique, mais qu'on ne parle pas de lamas ou de pouic pouic (son cochon d'Inde) car on a vite fait de la perdre, et moi je pose des questions pour tout, je doute donc je suis. Non vraiment, on entend les guides à côté de nous parler à leurs visiteurs et sortir toutes sortes aberrations, on se rend compte alors qu'outre les grandes lignes, ils n'en savent pas plus. Le nom de certaines maisons suffit peut être à contenter certains visiteurs mais nous, on reste sur notre faim: salle acoustique... ? Ce qui nous marque le plus, ce sont les différentes façons de construire. Certaines constructions de pierre semblent avoir été assemblées il y a peu, pour "faire propre" mais ne semble pas solides, sans doute a-t-on assemblé des pierres en t'as pour que les touristes n'éparpilllent pas tout. D'autres constructions se caractérisent par le fait qu'elles soient concentrées au niveau des toits (Alex maintient sa théorie selon laquelle ces toits ont été construits au XXE siècle pour les touristes), les pierres sont plus espacées, moins complémentaires disons. La plupart des constructions ensuite sont en pierre qui rentrent exactement les unes dans les autres, parmi elles, on distingue plusieurs sortes de pierre mais la on convient que comme pour nous, il y a du y avoir plusieurs constructeurs avec différents budgets. Ensuite, il y a les bâtiments dits "temples" qui eux sont nettement différents, ils ressemblent aux photos des ruines de Tiwanaku en Bolivie, ruines que nous n'avons pas pu voir, faute de tripes en bonne santé, Mathilde est cartésienne et ne remet pas le dogme du routard en doute mais Alex et moi sommes persuadés que ces constructions sont antérieures aux autres constructions, que tout n'a pas été construit en 50 ans comme il est communément admis, et que ce site a servi à différentes époques à des groupes différents. En cherchant sur internet par la suite, je trouverai d'autres personnes qui sont persuadés eux aussi qu'il y a eu différentes vagues de construction, mais rien d'officiel, rien de scientifique. Notre incrédulité creuse encore le mystère, rendant cette visite que plus magique. Le soleil se fait difficilement voir entre les nuages, mais c'est assez pour Mathilde, ma cousine qui a visiblement été privée de mélanine à la naissance et qui a du s'exiler chez les Anglais, qui attrape un mystérieux coup de soleil! Plus le temps passe, plus le site se remplit, enlevant à nos élucubrations de castor juniors le caractère indianajonesque qu'on leur avait donné. On quitte le site, repus de questions. On a tous le sourire aux lèvres, c'est vraiment quelque chose cette merveille du monde ! On descend ensuite au musée, nous à pied, Madame Beaucamps en bus, où l'on se rend compte qu'on s'est trompés dans nos billets, que donc on a pas accès au musée, ainsi donc pendant qu'on parlemente, j'en profite pour me glisser dans le musée pour observer une photo de la découverte du Machu Picchu en 1911. Il semblerait en effet que nombre de toits n'étaient pas encore là, la théorie d'Alex se tient. C'est sur cette note que l'on part, de notre côte en train puis 7h de bus, et Mathilde de son cote en train avec un trajet de bus écourté, loin des gueux... En toute honnêteté le chemin du retour était très long, et avec la nuit tombante, flippant, c'est jamais agréable de rencontrer une vache noire dans le noir dans des virages... Mais on arrive tous à destination sains et saufs.